29 janvier 2015

Ta mère la pub

Chers créatifs résistants, vous ne le savez que trop bien : s'il existe un baromètre particulièrement fiable de l'état de santé d'un pays, il s'agit indéniablement de son expression publicitaire. Depuis des décennies, chaque publicité révèle en effet judicieusement les malaises, la félicité, ou tout simplement les mœurs drapant le quotidien d'une nation.

Il est inutile de rappeler qu'aujourd'hui, en matière de communication, la censure absolue est ici de mise, et notre humour légendaire, radicalement remisé, ultra-multiculturalisme oblige. Aussi, nous autres - créatifs - devons régulièrement nous soumettre à de récurrentes actualisations, afin de ne pas subir les foudres du CSA ou de toute association parasite et stérile agréée par le gouvernement en place. Bref, un véritable cauchemar, quand on aime son métier. 
C'est pourquoi, afin de respecter ces nouvelles règles soumises à l'échelle de misère intellectuelle en vigueur, il nous faut dorénavant appliquer un certain premier degré, teinté d'un langage épuré - pour ne pas dire simpliste - voire imposer visuellement une diversité culturelle a priori bénéfique dans son existence improbable.   
Toutefois, quelques hardis révolutionnaires en goguette tentent encore de faire naître toute nouvelle excroissance sur les champignons de cette moisissure dictatoriale. C'est le cas, par exemple, des créateurs de la dernière campagne publicitaire de l'enseigne Carrefour, particulièrement fiers d'offrir aux rescapés consuméristes ce pitoyable néologisme :
Sans vouloir polémiquer sur un slogan autant inutile que raté, rappelons simplement que dans une contrée où la courbe de pauvreté du langage est aussi exponentielle que celles du chômage et de l'insécurité, il faut quand même parfois y saluer le moindre effort. 
Demain, j'irai faire mes courses au Super-U. 

15 janvier 2015

Berniques hurlantes

Chers pêcheurs de toute religion et autres ostréiculteurs repentis, je ne vous apprends rien : chaque raz-de-marée médiatique lié à tout sévère fait de société déverse invariablement son lot de chansonniers gastéropodes sur les plages de nos souffrances républicaines.
Aujourd'hui, depuis les immondes événements survenus en France - et à l'instar des "Enfoirés" qui nous vomissent régulièrement depuis des années quelque mièvre litanie lucrative - nombreux sont les oubliés des labels discographiques se sentant obligés de nous déverser leur marée noire de compassion huileuse - le regard faussement dur ou embrumé - en grattouillant trois accords sur de malchanceux instruments tout aussi exténués que nos tympans.
Aussi, je m'adresse prestement à ces intrépides huîtres arrivistes : je vous en conjure, essayez au moins de respecter quelques minutes de silence, vous aussi.

09 janvier 2015

Bulldozer

Chers bédéphiles endeuillés et défenseurs de la liberté d'expression profondément écœurés, vous comprendrez aisément que je n'ai aucune envie d'agiter mon pinceau pour en remettre une couche, sur une surface déjà bien épaisse, aujourd'hui accaparée par de nombreux mouvements politiques pour leur propre décoration d'intérieur. Cela dit, il convient toutefois de rappeler que si la liberté d'expression reste une valeur précieuse au sein de notre culture occidentale, il est plus que jamais nécessaire de sauvegarder radicalement cet aspect primordial qui différencie l'Homme des autres espèces : l'humour

Il ne reste plus qu'à électrifier les clôtures de notre réserve animale, à présent. 

03 janvier 2015

Faites vos jeux

Chers fiers et audacieux cavaliers de l'apocalypse, régulièrement désarçonnés dans les plaines cérébralement arides des associations hygiénistes, vous n'êtes pas sans savoir que cela fait maintenant de nombreuses années que le principe de cancer non imputable aux abjectes débauches humaines énerve lesdites associations au plus haut point.
S'il reste toutefois radicalement inutile de chercher à comprendre un tel acharnement thérapeutique - à moins d'être psychologue spécialisé en troubles infantiles - tentons de l'admettre avec un minimum de compassion : quelle folle idée d'être victime d'un cancer du poumon quand on est réfractaire au tabac, d'un cancer du foie quand on ne se grise qu'à rasades de Mister Cocktail, ou d'un cancer du colon quand on utilise un lubrifiant aqueux en cas d'échange avec tout conseiller bancaire. 
Il faut comprendre en effet que tout citoyen français normalement constitué - affichant donc une préférence politique agréée, mangeant consciencieusement "bio" pendant le journal de 20 heures, et méprisant comme il se doit tout être humain éloigné de cette ligne de conduite sacrée - est supposé être épargné par toute punition d'ordre divin ou médical. 
Or, provocation suprême, voici qu'une récente étude scientifique américaine vient de nous susurrer que ce châtiment ne dépendrait principalement que d'une simple loterie génétique.  
Mon dieu™, quel dilemme d'apprendre aussi brutalement que la mort n'est finalement pas principalement liée aux "vices", et d'admettre que les copieuses subventions versées par l'Etat aux ayatollahs du parfaitement-bien-vivre ne sont définitivement pas si clairement justifiées. 
Pour le bien-être de tous, il est donc à souhaiter que ces Copernic des temps modernes finissent rapidement sur le bûcher d'une ancestrale rancœur autant imbécile qu'enracinée, pour la plus grande satisfaction des idiots inutiles - dorénavant très inquiets - de notre fière nation, assurément cancérigène, de son côté.